Shooting photo

Budget : très divers en fonction du projet
Lieu : intérieur et extérieur principalement en France
Type : pub, mode, tourisme et reportage
Poste assistante photographe/chargée de mission
Mission :

  • Gestion du budget
  • Choix des prestataires
  • Casting
  • Organisation des déplacements
  • Coordination des équipes

5h30 d’un matin de printemps dans une auberge de province. L’équipe est déjà debout à s’affairer autours d’un lourd matériel : optique, réflecteur, boîtier, projecteur Daylight… Il faut se hâter d’aller sur le décor, les modèles et l’équipe artistique arriveront d’ici peu. Tout doit être prêt pour l’heure de la belle lumière. Celle pâle et diffuse des matins rayonnants, celle qui rend les teints lumineux et les paysages joyeux.

6h15 au bord d’un lac quelque part en France dans un camion loge, le HSM (habillage, coiffure, maquillage) s’agite à en faire frémir les minces parois du Van régie. Dehors, on installe la caméra sur un solide trépied, les électros calculent des axes, posent des réflecteurs, regardent le ciel avec le photographe qui commence à s’inquiéter. D’ici peu, il sera trop tard. Et le voilà qu’il s’énerve, il craint de ne pas y arriver alors qu’un léger voile nuageux vient tout remettre en cause. J’approche et je pause une main que je souhaite rassurante, calmante, anesthésiante sur son épaule.

Allons faire quelques tests, veux-tu ?

C’est parti ! Dans un même mouvement, tous se mettent au travail. Ils connaissent les gestes. Ils savent les regards, les demi-mots, les mouvements du photographe. Alors je prends la pause et ils cherchent, ils réfléchissent (dans tous les sens du terme), ils recommencent et ils trouvent !

À 6h40, les premiers modèles se pointent fin prêts. Je cède la place et la séance photo commence dans la lumière rasante juste à temps. 30 min plus tard toute sera terminé.

Tout à fait ailleurs, dans une grande capitale de la mode, peut-être Paris, peut-être New-York, peut-être Milan, les mêmes électros, assistants, maquilleurs, sont au travail dans un studio photo. Il est tout aussi tôt mais leur job n’est pas tout à fait le même. S’ils se sont levés ce n’est pas pour faire la course contre le soleil levant mais simplement parce que la journée sera longue, très longue. Ils sont ici dans le temple de la minutie ou l’amour du détail et de l’exactitude est force de loi. Tout doit être parfait ! Il ne peut y avoir de place à l’à-peu-près, au presque, au quasiment. D’aucun aurait vite fait de les traiter de pointilleux, voir d’enculeur de mouche pourtant, l’attention, la méticulosité qu’ils portent à l’objet à photographier dans une concentration crasse a quelque chose de fascinant.

À midi, alors que l’équipe d’extérieur a déjà remballé, voire rentrée chez elle à faire une sieste bien méritée, eux sont encore à s’activer autour de l’autel où trône l’objet, l’unique objet de toutes leurs précises attentions. Les gestes sont lents et assurés. Ils contrastent avec la rapidité d’exécutions nécessaires au shooting en lumière naturelle. Ici on prend le temps qu’il faut pour que La Photo, la seule photo qui restera de l’objet à mettre en valeur soit d’une perfection absolue.

À 22h, Je ferme le studio. Tout y est vidé. Il ne reste qu’une large pièce abandonnée à elle-même pour la nuit. Demain d’autres viendront. Nous avons très peu parlé mais nos yeux sont lourds d’avoir tant regardé.