L’Islande est une île volcanique située sur une faille sismique entre le Groenland et la Norvège, au nord du nord de l’océan l’Atlantique nord. Sur les cartes qui représentent notre monde actuel, l’île est tout en haut!
Ce qui est fun avec l’Islande c’est qu’elle est donc située sur une faille sismique exactement à la jonction de deux plaques tectoniques et c’est d’ailleurs ainsi qu’elle est née. La plaque eurasienne s’écarte de la plaque nord américaine de 2,5cm par an. Le mouvement n’est pas régulier, ça vient parfois d’un seul coup et il y a une secousse. L’ile est également située sur ce qu’on appelle un point chaud, sorte de faille sous marine dans la croute terrestre, Quand les plaques s’écartent, la faille laisse échapper de la lave du magma. Au contact de la mer froide du nord du nord de l’Atlantique nord, le magma se condense, devient solide et crée une des plus grandes îles du monde, truffée de volcans.
Donc en Islande, le monde bouge : la terre comme les hommes, comme le climat, les finances.
Commençons par le début. L’île est sortie du froid de l’océan il y a 15 millions d’années et comme les conditions climatiques n’y sont pas très réjouissantes, elle est restée déserte pendant longtemps d’une très grande majorité des espèces vivantes. Quelques lichens, quelques mousses, un peu de bruyère, certainement des insectes, des vers de terre et des oiseaux marins affamés de poissons. Il n’y avait donc que peu de formes de vie, et, aucun humain. C’est ainsi que vers 500 ans de notre ère, des moines Irlandais, en quête de retraite spirituelle, furent les premiers à venir se coltiner le froid, le vent et la beauté du paysage. Il faut dire qu’il y a ici de quoi souffrir assez dans sa chair pour se sentir plus proche de Dieu. Ensuite vers 800 les vikings, qui n’ont peur de rien, sont venus coloniser l’île. Ils y ont créé le premier parlement européen en plein sur la faille sismique. Il est vrai que le paysage incite à la réflexion et au calme. Il y a eu des migrations en tous sens, des installations, du développement économique à base de laine de moutons, des éruptions volcaniques, des famines. L’Islande passe des mains de la Norvège au Danemark avec un moment dans l’Allemagne nazie, puis dans l’OTAN jusqu’à l’indépendance le 17 juin 1944.
Pour le savoir plus : https://www.youtube.com/watch?v=SsxvuFAz0eA
En 1944, la population est pauvre. Il n’y a pas grand chose qui pousse, pas grand chose que l’on peut produire sauf de l’argent facile. Je ne peux pas vous faire un cours d’économie. Mais globalement, l’Islande fut un des pays boursicoteurs des années 80 et 90 améliorant drastiquement le niveau de vie de toute la population. La crise de 2008-2009 ruine l’Islande mais l’éruption du volcan au nom imprononçable lui redonne un nouveau souffle dans le tourisme. Touristes dont je fais partie avec un bonheur extrême !
Regardez bien les photos, les geysers, les chutes d’eau glacée, le second plus grand glacier du monde de la taille de la Corse, les icebergs qui se jettent dans l’océan, les aurores boréales ! Ici, les codes pantones sont oubliés. Le sol est noir, la glace est bleue, les herbes sont jaunes ou violettes, le ciel est vert, les maisons sont rouges ou oranges…
Dans cette nature trop grande, trop forte, trop violente pour nous, une torsion s’opère irrémédiablement. Nous, petites choses, si fragiles, si incapables, mais totalement liées à ce qui nous entoure et nous dépasse, nous retrouvons de l’humilité, qui, alors que je ne suis aucunement catholique, m’est nécessaire. Sur ce sol chauffé par l’activité des volcans, dans le vent glacé qui n’en finit jamais, sur une terre qui bouge, entourée d’un océan aux courants si violents que mêmes les baleines ne s’y risquent pas, on se sent infiniment vivant et bizarrement totalement en sécurité.
Sécurité ?
Oui sur cette île nous sommes en sécurité. Pas de crime, pas de délinquance, plus de pauvreté, 2% de chômage, un des niveaux de vie les plus élevé d’Europe. L’Islande fait partie depuis 30 ans des 10 premiers pays au monde où la population est la plus heureuse. Comment comptent-ils ? Le calcul m’échappe. En tous les cas, ce qui est bien c’est qu’il n’y a pas de flics. Et sans flic, malgré les éruptions, les tremblement de terre, les vents et les tempêtes et bien on se sent plus en sécurité. En tous les cas, je me sens en sécurité ! En même temps, pour sortir il faut montrer un papier d’identité si bien que les seuls criminels sont ceux de l’évasion fiscale. En même temps, il ne peut pas y avoir de pauvre parce que si on n’a pas de quoi se loger et manger et bien on meurt de froid.
La question du genre est aussi un peu modifiée. Je vous rappelle une nouvelle fois que nous sommes au nord du nord et qu’il fait froid. Peut-être que ça échauffe le cœur des hommes mais, pour sur, ça emmitoufle le corps des femmes. Nous sommes tous et toutes sous 5 couches de vêtements North Face, avec bonnet, écharpe, gants, le nez rouge et coulant, les cheveux gras et décoiffés, des chaussures informes au pieds. Ce n’est pas glamour et ce n’est parce qu’il y des coiffeurs tous les 200m que ça change quelque chose. Les femmes ne peuvent pas porter les attributs qui font d’elles un corps objet offert aux désirs sexuels des hommes mal élevés. Nous sommes à l’opposé de Cuba ou de Bahia ! Et bien, ça change bien des choses dans les rapports homme/femme. Pas étonnant que le féminisme sociale vive des jours heureux par ici. Puisque nous sommes tous égaux face aux vêtements thermo chauffants, nous le sommes également pour les salaires, les congés maternités et/ou parentaux, le mariage, les droits etc…
Dans la réalité, dans le privé, c’est un peu comme ailleurs, mais en tous les cas dans la rue et dans les bars, l’ambiance est bien moins machiste ! Personnellement je kiffe ! Quel bonheur dans l’espace public de pouvoir bouger, sourire, parler, s’adresser aux hommes sans jamais sentir qu’on est une femme. Je me sens libre d’être un humain avant que d’être une femme et j’aime bien !
Bon, il est vrai que je n’ai pas croisé tant d’humain que ça sur la route circulaire N1 qui fait le tour de l’Islande (1400Km sur deux voies souvent sans éclairage). Des caissiers, des vendeurs de souvenirs, des guides touristiques, des serveurs, des touristes et quelques amis français immigrés sur cette terre lointaine. En fait, je n’ai pas parlé avec un seul Islandais. Les travailleurs étaient portugais, Irlandais, lituaniens, argentins, espagnol, et les touristes, suédois, danois, anglais et américains. Alors je me suis posée la question de l’immigration.
L’Islande est un jeune pays démocratique avec au pouvoir depuis toujours le parti indépendantiste. Les partis d’extrême droite qui germent partout en Europe ne trouve ici que des voix très minoritaires. Pourtant L’Islande reste un de pays en Europe qui accepte le moins les demandeurs d’Asile avec 12% à peine d’acception et même seulement 18% pour les Syriens. En revanche, pour l’immigration choisie alors là, elle est au top. Travailleurs, travailleuses au niveau d’étude conséquent viennent gonfler les 330 000 âmes que compte ce bout de terre de l’extrême. Le pays se développe, le touriste à besoin d’infrastructure et de contact en toute langue alors ils sont nombreux à venir prendre froid au pays des sagas Vikings. Il y a même un spectacle qui se joue depuis 7 ans à l’Opéra de Reykjavik. Il explique au jeunes arrivants « Comment devenir Islandais en 60min » avec cours d’histoire, de cuisine, de savoir vivre dans un humour douteux mais efficace le tout en anglais traduit dans plusieurs langues. J’y suis allée ! Tout est vrai !
Si jamais vous aviez 2000 euros et 1 semaine de vacances, je vous recommande vivement de les passer en Islande. C’est une putain de bonne expérience ! Et vous pouvez alors contacter mon ami Guillaume (guillaume.barra@gmail.com) qui vit sur place et s’occupe d’organiser des séjours pour les touristes français.