Mes premières vacances depuis longtemps ! Je vais passer 5 jours dans la maison familiale de Rebecca sur la montagne qui regarde la mer dans la douce Italie que je n’ai pas revue depuis plus de 20 ans. Cette fois-ci ce sont de vraies vacances. Celles où vous pouvez pour quelques temps oublier les petits soucis de votre vie.
Jour 1 : en route
Alors, comme toujours avec les voyages, je commence par voyager.
Dans l’avion, je suis assise à côté d’un couple qui se dispute, elle en anglais et lui en français.
Elle : I am not a slut
Lui : Et donc tu seras toujours ta seule priorité
Silence, il fait semblant de lire le Figaro et elle le magazine d’Easyjet
Silence, elle baisse le store, Il remonte le store, elle baisse le store
Lui : Quand cesseras tu d’être un monstre ?
Elle (en français d’un coup) : De toute façon quoi que je fasse ce n’est jamais bien.
Je sens que je vais passer un bon voyage.
J’essaie de lire mais même mon super polar addictif est moins captivant que cette si longue liste de reproches qui glissent sans cesse dans mon oreille gauche. Une vraie délectation !
Je ne peux jamais faire ce que je veux
Tu ne m’entend pas
Tu ne me comprends pas
C’est toujours pareil avec toi quand on part en vacances
Tu es insupportable! Pourquoi ne m’as tu pas attendue avant de prendre l’escalier ?
Tu me laisses seule sans arrêt
Je ne peux même pas te suggérer quoi que ce soit, c’est toujours un refus immédiat
Et d’un coup, comme ça, sans m’avoir prévenue, elle le prend dans ses bras et elle l’oblige à un câlin
Re Silence
Serrés l’un contre l’autre, ils se remettent à parler. Cette fois sans reproche, pour organiser leurs prochaines vacances ! Je prends consciencieusement sur moi pour ne pas intervenir.
Dans le train, après mes retrouvailles avec Rebecca, et alors que je tente d’éloigner mes pensés de la difficulté de vivre en couple ou en célibataire, une magnifique Bimbo, refaite d’un peu partout, s’invite dans notre compartiment. C’est bien les filles ! Elles font bien le spectacle et celle là est assez spectaculaire: mince sans être maigre, tatouée sans vulgarité, de faux seins qui semblent authentiques. Et surtout elle est drôle, souriante, vivante.
Rebecca et moi sommes super fans. Nous la regardons s’agiter pour devenir encore plus belle et assez fascinées par son habilité au maquillage dans un wagon sans cesse remuant. Nous arrivons dans le village avec le regret de ne pas avoir de copine Bimbo. Si je pouvais rencontrer une copine Bimbo de 53 ans, ça serait le comble ! Ceci dit, ici, au vu de la population du coin ça semble possible.
Chez Rebecca, c’est assez simple :
En face, il y a la mer,
À gauche, il y a le village de droite
À droite, il y a le village des bobos
En haut, il y a la montagne
Et le Bus n° 73 permet d’aller d’un point à un autre pour 1€50
Le matin on va pendre le café et faire les courses au village des sympathisants de Berlusconi. Le midi on mange peu à la maison avant de faire la sieste
Vers 17h on va se baigner avec les bobos après avoir mangé « un énorme gelato ». Oui, ici, en Italie la glace est un monsieur invariable. Enfin on en a trouvé un ! Le soir on dîne aux chandelles en regardant la mer et un feu d’artifice majestueux mais désynchronisé, tiré d’un village lointain.
C’est simple et c’est super beau. La maison est accueillante et reste fraîche toute la journée. La vue y est magnifique. Les petites bêtes ne sont pas agressives. La nourriture est géniale. La population locale est tout à fait caricaturale. Rebecca semble enfin être chez elle. Avez vous remarqué que sa robe est assortie à la fois à la cuisine de sa maison et au paysage ?
L’église vient de sonner 23h30. Il est temps de boire un tisane du jardin et de lire un chapitre de mon polar. C’est si simple les vacances.
Jour 2 : la vie en trompe l’œil
Aujourd’hui c’est l’orage. Il pleut, il tonne, il vente. Le paysage s’est totalement transformé. Le gris du ciel modifie les couleurs et, tel un buvard, absorbe le vert et intensifie le rouge. Le temps est somptueux et appelle à la nostalgie. Pas de plage pour nous cette après midi, c’est certain. Mais il faut tout de même se rendre à la ville.
Vous vous souvenez de la ville de gauche qui tend à droite? Elle est plutôt jolie comme petite ville. Elle regarde la mer du haut de ses immeubles qui ponctuent la montagne de taches colorées. Oui, ici les bâtisses sont peintes, en couleur et en trompe l’œil ! On se croirait dans un décor monté pour un film d’une époque indéterminée.
Les balcons : trompe l’œil
Les fenêtres : trompe l’œil
Les moulures : trompe l’œil
Les vitraux d’église : trompe l’œil
Tout y est propre. De la moindre ruelle, à la plage en passant par le clodo de la gare, les passants et les pigeons, tout y est briqué comme un sou neuf.
La première fois, l’impression était moins forte, mais aujourd’hui sous le ciel gris tout est finalement clair. C’est la vie même qui est un trompe l’œil dans ce coin du monde. J’aurais dû m’en rendre compte tout de suite !
Toutes ces rues sans saleté qui dépasse : trompe l’œil
Tous ces enfants sages, bien coiffés, bien élevés et qui ne se tachent jamais : trompe l’œil
Ces femmes minces, à la peau parfaite, sur chaussures talonnées si haut: trompe l’œil
Les magasins regorgeant de plaisir à consommer hors de prix : trompe l’œil
L’évidence du mérite d’être là, parmi ces quelques riches élus : trompe l’œil
L’idéologie sarkozyste sous toute ces formes : trompe l’œil
Jour 3 : Farniente
Fini les trompes l’œil, nous sommes entrées de plein fouet dans la dure réalité des joies du Farniente !
Vous pensez que c’est facile de trouver le bon spot? Vous imaginez qu’il suffit de ne rien faire et de se laisser porter ? Mais avant d’arriver à ce résultat tant attendu, il faut bosser, oui, il faut chercher, oui, il faut savoir le trouver
Le repos, mes amis, ça se travaille !
Nous avons d’abord pris le bus, pour descendre dans la ville de l’Est. Premier stop, premier bain. Mais ce n’était pas notre came. Alors nous avons pris le bateau pour rejoindre San Fruttuoso et son Christ qui prêche la bonne parole au poisson (Il n’y a pas de sot métier). Il vit sous l’eau celui-là. C’est assez rare mais ça arrive. Au passage, nous avons salué Portofino. Ce haut lieu de la JetSet Berlusconienne est aujourd’hui très éprouvé par le procès de leur leader. La population pouvant donc devenir un peu agressive, nous nous sommes contentées d’un très court passage. Portofino pour Rebecca et moi est un milieu assez hostile où nous ne pourrons, semble-t-il, jamais nous sentir tout à fait à l’aise. C’est un handicap majeur pour le « je ne fais rien parce que je suis en vacances »
Deuxième stop, deuxième bain. Mais que des pieds car la mer est malheureusement truffée de méduses. C’est bien dommage car cette plage de San Fruttuoso était très prometteuse avec son soleil déteint par les arbres, son monastère et ses petits bars cafés pas si chers. Catéchisme, café ristretto et bain de mer… C’était plutôt prometteur comme programme.
Nous avons donc pris un second bateau pour rejoindre la ville de l’ouest avec nos amis les Bobos. Et bien, il n’y a rien à dire, pour se détendre rien de vaut d’être parmi les siens ! Le troisième stop était le bon. Soleil clément, la mer à bonne température, foccacia et gelato à proximité, passants bienveillants et surtout, un magasin de chaussures quasi sur mesure !!!! Je vous raconte plus tard.
Nous avons enfin profité de la plage, du farniente et d’un doux temps de repos bien mérité. Puis, nous avons dîné là avec la maman de Rebecca et nous sommes remontées de nuit.
Quelle belle journée de vacances à ne rien faire 😉
Jour 4 : dernière sensation
Vous vous rappelez hier avant de remonter je suis allée m’acheter une paire de chaussures. C’est une de mes activités préférées. Cette fois-ci, c’était spécial car la chaussure fut faite pour mon petit pied. Si si, il est très petit !
Quel KIFFFFFFFFF !!!
Voilà comment ça se passe : on entre. On dit Salve. On choisit sa semelle : bois liège, talon plein, talon droit, haut, bas , demi court …On choisit son modèle. On choisit la couleur de ses lanières. Et puis on se laisse faire.
Le monsieur qui fabrique les chaussures s’occupe de tout. D’abord il vérifie que c’est la bonne taille. Puis il pose ses mains fermement sur le dessus de notre pied et il aligne notre genoux avec notre cheville pour être certain que tout ira bien. Ensuite il pose une attache, Il mesure, il cloue. Et après…… Il recommence sur l’autre pied.
Au moment de sortir, il nous propose d’aller faire du yoga dans un parc en face de mer et il annonce que lorsqu’il vivait au Sénégal il parlait français.
Si je n’avais pas envie de passer ma dernière soirée au creux de ma douce et belle Rebecca, j’aurais été dîner avec Claudio. Nous aurions des choses à nous dire. On aurait pu devenir bonnes copines tous les deux. En effet, je ne suis pas certaine d’être son type d’homme. Et de toute façon il n’est pas mon type non plus.
Nous sommes alors reparties parfaitement chaussées pour aller faire du canoë de mer tout à fait déchaussées.
Demain je reprends la route dans l’autre sens direction
Jour 5 : dernières impressions
Je suis maintenant assise dans le hall d’embarquement de l’aéroport de Milan Bergamo. La compagnie Ryanair à l’intention de m’amener jusqu’à Paris.
J’ai réussi à connecté mon ordinateur en bluetooth avec mon Iphone et ça marche bien.
J’ai donc quitté Rebecca et sa jolie maison, les églises qui sonnent sans cesse, la verte campagne pour retrouver la ville, ma ville Paris.
Après une très courte nuit, j’ai pris le sentier, puis le petit bus qui monte et qui descend de la montagne, le train pour Milan et puis je prendrais l’avion, le car et le métro. Si je rencontre un bateau je promets de monter dedans !
J’ai aussi quitté la langue italienne si proche du français mais avec des accents toniques, de doubles lettres, des O des A… C’est un exercice difficile pour nous simples français de prononcer cette langue jumelle. Il semblerait que, paresseux que nous sommes, nous avons décidé de parler un Italien privé de son rythme. L’italien virevolte à nos oreilles. Nous le comprenons aisément mais nous n’aurons jamais la dextérité nécessaire pour le chanter parler comme il se doit. Enfin en tous les cas pas moi .
Dans le train pour Milan, une petite anecdote amusante. Je fais semblant de dormir dans le compartiment bondé quand le contrôleur arrive. Il contrôle. C’est son job. En face de moi une jolie italienne rousse et couverte de tâche de rousseur, à côté une famille de nouveaux riches russe habillée en Prada/Armanie et couvert de technologie Apple, n’ont pas de ticket. Ils ont payé mais n’ont pas reçu de confirmation par Email car ils ont confisqué la carte Sim à la plus jeune pour sevrage d’Internet pendant les vacances.
Trouble. Discussion. Il faut repayer … Le contrôleur vénal et peu sympathique est sur le point de gagner la bataille. Du coup, l’Italienne tachetée et moi-même décidons de voler à leur secours à grand renfort d’Email et de négociations Italo-russo-anglais. Ok tout rentre dans l’ordre. 10 min pour tard, le contrôleur revient demandant de la monnaie sur un billet de 50 euros. Bien sûr, personne n’a cette somme sur lui… sauf les russes Prada/Armanie qui tendent fièrement les billets salvateurs au contrôleur honteux.
Rire général dans le compartiment ! La moquerie est-elle internationale ?
Je vais bientôt monter dans l’avion.